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Les jeunes de 15 à 25 ans ont consommé plus d'antidépresseurs à la fin de l'année 2020. Et ce, après une diminution remarquable au début de la pandémie. A côté de cela, l'ensemble de la population a reporté ses soins en santé mentale, sans que ce report ne soit totalement rattrapé à ce jour. Ces données confirment la nécessité urgente de s'attaquer au bien-être mental de la population. Mais que nous disent les chiffres?
A l'occasion de la Semaine européenne de sensibilisation à la Santé mentale, les Mutualités Libres se sont penchées sur les données d'utilisation des soins de santé mentale pendant la pandémie.
Les Mutualités Libres ont analysé les chiffres des admissions aux services psychiatriques, du recours aux consultations chez le psychologue et le psychiatre et de l’utilisation d'antidépresseurs et d'antipsychotiques pour l'année 2020 par rapport à l'année 2019.
Pour les admissions dans les hôpitaux psychiatriques et en services psychiatriques des hôpitaux généraux, notre analyse de données montre une diminution perceptible au deuxième trimestre 2020, suite à la première vague de la pandémie (mi-mars 2020). A ce moment, les hôpitaux se limitant aux soins liés au coronavirus et aux soins urgents, les patients ont clairement retardé leur prise en charge, tant chez les jeunes de 15 à 25 ans, que dans la population générale. Dans les mois qui ont suivi, on ne constate pas de rattrapage complet de ce report des soins.
En ce qui concerne les consultations, on observe à peu près le même phénomène que pour les admissions hospitalières au début de la 1e vague. Au troisième trimestre 2020 et par rapport aux données de 2019, on constate une augmentation significative, surtout chez les 15-25 ans.
Le gouvernement a réagi très rapidement en autorisant des consultations téléphoniques et vidéo. Nous pouvons clairement voir cet effet positif. La reprise de l’activité médicale explique cette hausse, mais aussi sans doute le fait que les plus jeunes ont été fortement impactés par les mesures contraignantes suite à la pandémie. Ceci se constate dans le rattrapage du report de soins plus visible chez les 15-25 ans que chez le reste de la population.
Contrairement à la population totale où on observe une diminution de l’utilisation d’antidépresseurs au début de la 1e vague, les personnes de 15-25 ans voient leur utilisation revenir à leur niveau d'avant la pandémie par après. A partir du troisième trimestre 2020, chez les jeunes, on observe une légère augmentation de la délivrance d'antidépresseurs et d'antipsychotiques. Il semble que le rattrapage du report de traitement par antidépresseurs est plus visible chez les personnes de 15-25 ans alors que ce n’est pas le cas pour le reste de la population.
Ces chiffres nous racontent des faits concrets : de nombreux problèmes de santé mentale n'ont apparemment pas été traités ou n'ont pas fait l'objet d'un diagnostic, en raison de la pandémie et de ses conséquences. La peur généralisée lors de la première vague combinée à un manque de visibilité de l’offre de soins de santé mentale, les annonces de report des soins non urgents ont sans doute aussi conduit la population à patienter ou à reporter des soins. Si le rattrapage (bien qu’incomplet) a eu lieu pour la délivrance de médicaments, il est moins net pour les hospitalisations. Cela conduit à s'interroger sur une prise en charge essentiellement médicamenteuse de la santé mentale.
Le ressenti de la population n’apparait pas (encore) dans nos données de remboursement de soins en santé mentale. L'offre de soins n'est pas toujours assez visible, y trouver son chemin est assez compliqué. Il ne faut pas non plus oublier la stigmatisation des problèmes de santé mentale et donc la frilosité de certains publics d'avoir recours aux soins spécifiques. Ces constats amènent à penser que nous sommes à l'aube d'une crise de santé mentale sans précédent.
Enfin, il faut souligner que les jeunes, nos futurs adultes, ont été confrontés à de graves difficultés à un moment crucial de la transition entre l'enfance et l'âge adulte.
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