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Menstruations: qu’est-ce qui est « normal » ?

dr. Steffi van Wessel

Gynécologue à l’UZ Gent

Pourquoi les femmes ont-elles leurs règles ? Est-ce normal que ça fasse mal ? Et pourquoi est-ce un sujet tabou ? Nous nous sommes entretenus avec le Dr Steffi van Wessel, gynécologue à l’UZ Gent.

Que signifient exactement les menstruations dans le corps de la femme ?

Dr van Wessel : « Chaque mois, le corps fertile d’une femme commence à se préparer pour une grossesse. Si l’ovule n’est pas fécondé, la muqueuse se détache et ce processus entraîne des pertes de sang pendant 8 jours. Un cycle normal dure de 24 à 38 jours.

L’âge moyen auquel une fille commence à avoir ses règles se situe entre 13 et 16 ans. Si les menstruations commencent avant l’âge de 9 ans (2 %) ou après 16 ans (5 %), il est question d’une anomalie. »

Quels problèmes peuvent survenir ?

Dr van Wessel : « 3 à 30 % des femmes ont des pertes de sang anormales. Mais comme chaque corps est différent, nous préférons examiner chaque femme individuellement avant de parler d’anomalie.

En effet, certaines femmes peuvent saigner plus abondamment que d’autres. Dans ce cas, ce qui est problématique dépend de ce qu’elles perçoivent elles-mêmes comme un problème et de ce qui réduit leur qualité de vie.

L’absence occasionnelle de menstruations est également possible. Ce phénomène ne constitue pas un problème immédiat en soi. Une grossesse doit toujours être envisagée
en premier lieu. Mais en cas d’absence prolongée de menstruations, il est préférable d’effectuer un examen. Cela peut être dû à un taux de graisse trop faible, par exemple chez les femmes anorexiques, les femmes qui font beaucoup d’exercice ou les sportives de haut niveau. Mais le stress ou un kyste sur l’ovaire peut aussi en être la cause. »

De nombreuses femmes ne parlent pas de leurs troubles avec leur médecin, car elles pensent que c’est ‘normal’.

Comment les problèmes surviennentils et comment peut-on les identifier ?

Dr van Wessel : « Il existe une distinction entre les causes structurelles et fonctionnelles:

  • Les causes structurelles sont visibles à l’imagerie. Par exemple, un polype, un fibromyome utérin ou une adénomyose. Dans le cas de l’adénomyose, les cellules de l’endomètre s’enfoncent trop profondément dans la couche musculaire, ce qui peut provoquer de fortes douleurs et des pertes de sang.
  • Les causes fonctionnelles ne sont pas visibles par l’imagerie et sont donc beaucoup plus difficiles à diagnostiquer. »

Nous entendons aussi souvent parler de SOPK et d’endométriose. Qu’est-ce que c’est exactement ?

Dr van Wessel : « Le SOPK est un déséquilibre hormonal et peut être l’indication d’un excès d’hormones mâles, mais pas toujours. Normalement, un seul ovule se développe jusqu’à maturité, mais dans le cas du SOPK, plusieurs ovules se développent en même temps, puis s’arrêtent brusquement. Il en résulte un cycle irrégulier.

Avec l’endométriose, l’endomètre se trouve à un endroit anormal et commence à s’y installer. Les patientes atteintes d’endométriose souffrent d’un trouble lié au cycle, car le tissu est actif au moment des menstruations.

Les troubles dépendent de l’emplacement spécifique. Le diagnostic est difficile à établir. Sur une échographie, l’endométriose n’est pas facile à voir. Nous devons donc la diagnostiquer par une chirurgie exploratoire dans l’abdomen
ou avec une IRM. »

Et le SPM, ou syndrome prémenstruel ?

Dr van Wessel : « 3 à 8 % des femmes présentent des symptômes graves du syndrome prémenstruel. Tout comme l’endométriose, il s’agit d’un trouble lié au cycle. Il survient dans la seconde moitié du cycle : après l’ovulation et avant les menstruations.

Le SPM est un ensemble de troubles divers:

  • Il y a le trouble mental : les femmes ne se sentent pas bien, souffrent de sautes d’humeur ou d’anxiété.
  • Mais il y a aussi le trouble physique : ballonnements, gêne au niveau des seins, maux de tête, etc. Ces symptômes proviennent de fluctuations hormonales. »

Pourquoi est-il encore souvent très difficile pour les femmes de parler de leurs menstruations ?

Dr van Wessel : « En tant que gynécologue, je fais de mon mieux pour poser des questions détaillées lors d’une consultation. Souvent, les femmes ne parlent pas directement de leurs troubles, parce qu’elles pensent que c’est normal et qu’on ne peut rien y faire.

Et en dehors du cabinet, c’est à nouveau un sujet tabou en raison de l’intimité qui y est liée. Tandis que chez les jeunes, le sujet des menstruations est peut-être abordé de manière trop biologique à l’école. »

 

Vous avez des questions sur les menstruations ou vous souffrez de troubles ? Si c’est le cas, consultez votre gynécologue. Elle ou il pourra certainement vous aider en cas de troubles ou de sensibilités spécifiques.

7 questions que vous n’osez pas poser à votre gynécologue

Nous vous donnons une réponse.

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